Entretien avec Alexandre Bavard (Mosa) lors de son exposition “BAD EMS” chez Romero Paprocki
Plongez dans l’univers d’Alexandre Bavard, issu de la culture du graffiti, ses projets sont à appréhender comme un travail de restitution de ces années à explorer les territoires et à pénétrer un présent promis aux mutations. Ces expositions recréent l’atmosphère de ces zones de no man’s land qui ceinturent les villes.
Quels sont vos principales inspirations artistiques et comment elles se manifestent dans votre travail ?
Je suis un artiste à 360 degrés. J’utilise la vidéo, la performance, le tag, la peinture, la sculpture, j'ai une pratique qui est assez libre. Etre artiste c'est être libre. Au gré des voyages, des rencontres, des endroits, je suis amené à créer de manière différente dans les lieux où je m'inspire énormément. C'est pour cela que je suis très attaché au format de résidence qui me permet de renouveler mon Art.
A la suite de ça, dans les lieux où je vais être, je vais pouvoir m'influencer de l'architecture, des gens, de l’histoire. Mon processus créatif est très adapté à la localité, aux situations où je me trouve.
Votre travail semble souvent incorporer des éléments narratifs. Y a-t-il un message ou une histoire que vous cherchez à transmettre à travers vos créations?
Effectivement, j'aime créer des univers et surtout m'influencer de récits.
En l'occurrence pour « BAD EMS », de mythologie d'oeuvres dramaturgiques comme celle de Sophocles avec Antigone. Une histoire immuable, universelle avec des thématiques comme la justice, la mort, la vie, l’injustice, la démocratie, la loyauté. Des thématiques qui sont toujours d'actualité et universelle. Pour l'exposition « BAD EMS », c’est la suite de mes recherches autour de la démocratie et de la justice, que j'avais réalisé dans l'exposition « BRAV » à la galerie Tick Tack à Anvers. Une exposition autour du mouvement des gilets jaunes. J'ai creuser sur ces notions autour de la démocratie, et il s'avère que le monde antique, et plus spécialement la Grèce, en est la racine.
C’était quelque chose de très important d'aller chercher les racines de nos démocraties et d'en faire un lien avec une actualité, en tant que citoyen français. Je me suis donc rendu en Grèce, à Athènes, pour aller chercher du matériel, pour aller visiter des musées, pour ramener du materiel, et travailler ici à Paris. Le voyage est très important. L’artiste est aussi un chercheur, un enquêteur, un archéologue, il doit se déplacer pour aller rencontrer les gens, les lieux, pour pouvoir être inspiré et c’est une des choses les plus importantes.
Avez-vous des projets ou des collaborations futurs qui vous passionnent particulièrement et que vous aimeriez partager avec votre public ?
Pour parler des projets futur: je reviens du musée Mittelrein à Koblenz où j'ai fait une installation pour une exposition collective ainsi que des oeuvres qui ont été présentées dans la collection permanente avec des reliques de différentes époques. Ca a été très important pour moi de pouvoir intégrer une collection permanente pour montrer mes oeuvres. Je travaille de plus en plus en musée, c'est quelque chose qui me réjouit parce que pour moi c'est là où mon travail peut avoir le plus de sens et de rayonnement.
En avril, je part à Bonifacio, je participe à la seconde édition de la Biennale Corse organisé par Dereneva. La thématique de cette seconde édition est la chute des Empires. Thématique parfaite et dans une suite logique de création, d'esthétique et de pensée. Leur invitation me touche énormément et je suis impatient de me rendre sur place pour créer spécialement les oeuvres.