Simon Demeuter : L'Art de Révéler l'Invisible à Travers Ses Œuvres

“A l’ombre des Abres” un solo show à voir à la Bim Bam Gallery jusqu’au 13 Juillet.


Pouvez-vous nous parler de votre parcours artistique ? Comment avez-vous commencé dans

le monde de l’art ?

J’ai toujours dessiné depuis que je suis tout petit. J’ai fait des études de communication graphique à la Cambre à Bruxelles, puis travaillé comme illustrateur avant de me lancer dans la peinture. À l’époque, mon ex-compagnon, Eric Croes (artiste), était amené à faire pas mal de résidences où je l’accompagnais. C’est pendant ce temps, lors d’une résidence dans la maison du céramiste Pierre Culot que j’ai eu envie de me mettre à la peinture. C’était sans aucune prétention et pour le plaisir.

Ensuite le galeriste Sébastien Janssen a découvert mon travail à l’occasion d’une visite à la résidence et m’a proposé une première exposition à la galerie Sorry We’re Closed. C’est comme ça que ça a démarré.

Quels sont les artistes ou les mouvements artistiques qui vous ont le plus influencé dans votre carrière ?

Je suis un grand fan de Matisse. Mais en général je dirais tous les artistes qui ont exploré et qui explorent la couleur : Francis Bacon, Etel Adnan, David Hockney, Alice Neel… Ou des artistes qui ont exploré la simplification des formes comme Brancusi. Il y a tellement d’artistes que j’admire. Dans les contemporains je peux citer Julien Meert, Jean Baptiste Bernadet, Ethan Cook ou Alex Foxton.

Qu’est-ce qui vous inspire le plus dans votre processus créatif ?

Ce sont les choses simples de la vie, les souvenirs ou les traces d’une émotion. Tout peut être sujet à inspiration. J’essaie de ne me fermer aucune porte et d’aller où mes envies me portent. Je garde les yeux et l’esprit grands ouverts. Ça aide à rester inspiré.

Pouvez-vous décrire votre processus créatif ? Comment abordez-vous une nouvelle œuvre d’art ?

Je regarde beaucoup de livres et de photos. Une photographie est souvent le départ d’une première peinture. Ensuite, les suivantes viennent assez naturellement. Je dessine beaucoup avant de passer sur la toile.

C’est le processus le plus long. J’essaie de trouver le trait le plus simple et de garder l’esprit et l’énergie du croquis dans la peinture. Quand je passe sur la toile ça va assez vite. J’écoute aussi beaucoup de musiques à l’atelier. Ça me porte.

Quelles techniques et quels matériaux préférez-vous utiliser dans vos créations ?

Quand j’ai commencé la peinture je travaillais exclusivement à l’huile. Mais c’était frustrant pour moi. Je ne suis pas de nature patiente dans la peinture et j’ai besoin que ça sèche vite. Je ne peux pas passer d’une toile à une autre et attendre que ça sèche. Quand je suis sur une peinture je m’y consacre entièrement.

Mon premier atelier n’avait pas de chauffage. L’hiver c’était compliqué d’avancer. Maintenant je travaille mes fonds à l’acrylique et travaille ensuite avec des sticks à l’huile pour les traits et les ombres. Cette technique me convient mieux et me permet de retrouver l’esprit des esquisses. Les acryliques sont aussi devenues très qualitatives.

Comment choisissez-vous les thèmes et les sujets de vos œuvres ?

Mes sujets changent à chaque série. J’en ai besoin pour continuer à me stimuler. Comme je l’ai dit plus haut, je ne me ferme aucune porte. C’est souvent une émotion que je ressens dans l’instant. Et elle me guide vers mon prochain sujet.

Quelle est votre œuvre préférée parmi celles que vous avez créées et pourquoi ?

Sûrement celles de ma dernière série « À l’Ombre des Arbres ». Parce qu’elles représentent ce que je suis aujourd’hui, comme les années d’explorations et de recherche dans ma peinture. Au début, comme beaucoup d’artistes qui commencent, je n’avais vraiment pas confiance en mon travail. Aujourd’hui je me sens plus libre et plus confiant.

J’espère que l’on peut le ressentir dans ma peinture. Il faut rester humble mais savoir aussi se féliciter du chemin accompli. On passe beaucoup de temps seul dans l’atelier face à soi-même et on peut être son pire ennemi. Je n’ai clairement pas besoin d’un critique pour me critiquer. Je passe déjà beaucoup de temps à le faire moi-même.

Pouvez-vous nous parler d’une exposition récente ou d’un projet sur lequel vous avez travaillé ?

« À l’Ombre des Arbres » est ma première exposition solo à Paris. Le point de départ de cette série est l’une des mes peintures préférées de l’artiste Henri Matisse Les joueurs de boules. C’est la trace et l’émotion laissée par cette peinture que j’essaie de traduire dans ces œuvres.

J’invite les spectateurs à apprécier la richesse des moments simples de la vie, à célébrer la force des liens humains et à s’émerveiller devant la magie discrète du quotidien. Ces peintures sont un hommage à la lumière et à la beauté de l’instant présent. Elles sont comme la trace d’un souvenir d’été.

Comment percevez-vous la réaction du public face à vos œuvres ? Y a-t-il une œuvre en

particulier qui a suscité des réactions inattendues ?

J’aime bien entendre les réactions des visiteurs. C’est important car ce sont leurs regards aussi qui font exister les peintures. Bien sûr certains avis comptent plus que d’autres. Quelque part on attend toujours la validation des gens que l’on admire ou qui comptent pour nous. J’ai toujours eu des réactions très bienveillantes jusqu’à maintenant.

Ça booste et ça motive à continuer. J’aime quand quelqu’un voit autre chose que moi dans mes peintures. Il n’y pas que ma lecture qui compte. Celle des autres est toute aussi importante et enrichit les peintures et moi-même. Après on ne peut pas plaire à tout le monde mais c’est normal. Il faut l’accepter et continuer.

Quelle est votre vision de l’art contemporain aujourd’hui ? Comment voyez-vous l’évolution du monde de l’art dans les prochaines années ?

C’est très compliqué à dire. Les choses vont beaucoup plus vite qu’avant. On voit des artistes exploser du jour au lendemain. Ça se passe beaucoup sur les réseaux sociaux maintenant et le rapport aux œuvres a changé. Ça permet peut-être de nouer des contacts plus vites. Mais cette overdose d’images est parfois chronophage. Je ne sais pas comment cela va évoluer. Pour moi l’important est de continuer à faire ce que j’aime et à en vivre. Il faut rester curieux et continuer de découvrir d’autres artistes.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes artistes qui cherchent à se faire un nom dans le monde de l’art ?

Il n’y pas de secret. Il faut travailler. ça tombe rarement du ciel. C’est important de se montrer, d’être présent aux vernissages. Il ne faut pas avoir peur d’écrire aux galeries et de faire des visites d’ateliers. Ce n’est pas grave d’essuyer des refus. Moi j’ai perdu beaucoup de temps à ne pas oser. Il faut rester conscient que personne ne nous attend. C’est à nous de faire notre place. Et de bien s’entourer. Travailler avec des personnes saines.

Quels sont vos projets futurs ? Y a-t-il des thèmes ou des techniques que vous aimeriez explorer davantage ?

Mon prochain projet est avec une galerie à Copenhague. Mais je ne peux pas trop en dire davantage à ce jour. J’aimerais surtout refaire des résidences. C’est toujours inspirant de changer d’air. Et continuer mon exploration dans la peinture.

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